Évangile en langue des signes : « Comment croiront-ils en lui s’ils ne l’ont pas entendu ? »

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Justine est sourde de naissance. C’est à 21 ans qu’elle a découvert, pour la toute première fois, le message de la Bible. Aujourd’hui, elle rêve que toutes les personnes sourdes y aient enfin accès.

Romains 10:14 : « Mais comment feront-ils appel à lui s’ils n’ont pas cru en lui ? Et comment croiront-ils en lui s’ils ne l’ont pas entendu ? Et comment entendront-ils s’il n’y a personne pour le leur annoncer ? ».

Ce verset, Justine Fonclaud pourrait en parler pendant des heures. C’est dans une église du 15ème arrondissement de Paris que la femme d’une cinquantaine d’années nous accueille, accompagnée de Kyria Ecrabet, son amie et interprète.

Justine est sourde de naissance. Elle a grandi en Martinique, dans une famille chrétienne et se remémore les années passées, privée du message de l’Évangile.

« Ma mère m’avait offert une Bible, mais je ne comprenais pas ce qu’il y avait écrit à l’intérieur. Il faut réaliser que nous, les personnes sourdes, souvent on ne comprend pas bien le sens de ce qui est écrit. »

Une invitation qui a changé sa vie

Une situation de frustration extrême pour Justine, qui se replonge dans cette période de sa vie.

« J’étais comme emprisonnée. J’étais avec toute ma famille, je les voyais chanter, prier... Et moi j’étais jalouse de les voir heureux. Je pleurais, j’avais besoin qu’on m’explique les choses. À cette époque, mon père voulait que je me fasse baptiser mais j’ai refusé. Je voulais comprendre ! »

Ce n’est que bien plus tard, alors âgée de 21 ans que Justine découvre ce qu’est la bonne nouvelle de Jésus Christ. Invitée par un ami dans une église où le culte du jour était traduit en langue des signes, elle est touchée par une prédication sur le message de la croix. « Ce jour-là, j’ai compris qui était Jésus », raconte la femme, les yeux encore plein d’émotion. Elle nous parle de ce verset, dans Jérémie 29, dans lequel l’Éternel déclare avoir conçu pour nous « des projets de paix et non de malheur ».

« Ce verset-là m’a touché énormément… »

Par la suite, désormais installée en région parisienne, Justine continue à fréquenter des églises mais ne trouve pas d’interprétation en langue des signes.

« Certains essayaient de m’expliquer via l’écriture, mais ce n’était pas pareil. »

Alors Justine a prié, dans l’espoir d’avoir à nouveau accès à la parole de Dieu, afin de la comprendre.

« Dieu a guidé les choses. J’ai rencontré Kyria, qui est interprète en langue des signes. Lorsqu’on me traduisait les messages du culte, ou la Bible, c’était comme une révélation pour moi. Et là j’avais soif de Dieu, toujours plus. J’étais touchée ! »

Une association pour faire bouger les choses

Kyria travaille avec Ariel’s, l’association pour la recherche et l’interprétation de l’évangile en langue des signes française, qui œuvre contre l’obstacle énorme que constitue le manque de compréhension de la Bible par les personnes sourdes.

Celles-ci représentent entre 10 et 11% de la population française, avec des degrés différents de surdité. Et plus des trois quarts de ces 7 millions de personnes souffrent d’illettrisme. C’est pourquoi les sourds représentent un peuple sans accès à l’Évangile à part entière. D’après Ariel’s, « on recense aujourd’hui approximativement en France 150 personnes sourdes chrétiennes, connues de nos milieux évangéliques ».

Une goutte d’eau dans l’océan... Alors l’association développe son activité en France, interprète des cultes, des prédications, des émissions, des vidéos, des événements… dans le but de faire connaître cette bonne nouvelle qui a changé la vie de Justine.

« Nous les sourds on a besoin d’interprètes en langue des signes ! C’est comme ça que nous pouvons être touchés. Et grâce à l’association Ariel’s, tout ça se développe », semble-t-elle s’exclamer, le sourire aux lèvres.

Elle nous explique qu’elle espère voir de plus en plus d’églises en France prendre des mesures pour faciliter l’accès aux personnes sourdes, en faisant appel à Ariel’s par exemple, et en se formant à la langue des signes. Car le chemin est encore long, mais l’enjeu est immense.

« C’est une urgence. Je ne veux pas perdre mes amis sourds. Je ne veux pas les voir perdus. »

Théo Lombardo


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